Portrait de Rai San’yô 頼山陽 (1781-1832) par Hoashi Kyô-u 帆足杏雨 (1810-1884) © Musée de l’Université de Kyoto, Kyôto daigaku sôgô hakubutsukan 京都大学総合博物館

Le 21 mai 1827, Rai San'yô 頼山陽 présente le Nihon gaishi 日本外史 à Matsudaira Sadanobu 松平定信, rôjû 老中 du shogun. "L'histoire non officielle du Japon" allait devenir le livre d'histoire le plus populaire du Japon au XIXe siècle.

 

Historien, philosophe et poète, Rai San'yô est né à Osaka 大阪 où son père Rai Shunsui 頼春水 (1746-1816) était parti étudier puis enseigner le confucianisme et la littérature classique chinoise.

 

En 1797, il part pour Edo avec son oncle Rai Kyôhei 頼杏坪 (1756-1834), un lettré confucéen du domaine d'Aki, Aki no kuni 安芸国 (de nos jours, la préfecture d'Hiroshima 広島県), pour y étudier à la Shôheikô 昌平黌, l'académie officielle du Bakufu pendant un an.

 

En 1800, il est arrêté alors qu'il s'échappe de la province où il vivait, ce qui était illégal à l'époque féodale.

 

Confiné pour trois ans dans une pièce de sa maison, il commence l'écriture de son œuvre, le Nihon gaishi, qui, par la suite, influencera le courant de pensée en faveur de la restauration impériale, sonnô shisô 尊王思想. Il consacrera 25 ans de sa vie à son ouvrage dans lequel il prédit la chute du shôgunat des Tokugawa.

 

En 1803, son confinement prend fin mais il est déshérité par son père. Il trouve alors un travail comme directeur de l'école privée Renjuku 廉塾 du lettré Kan Chazan (ou Kan Sazan) 菅茶山 (1748-1828), ami de son père. Insatisfait de son emploi, il part l'année suivante à Kyôto où il ouvre sa propre école.

 

Il voyage alors beaucoup dans la région, y rencontre de nombreux intellectuels de l'époque et rédige des poèmes.

 

Il débute alors la rédaction d'un nouvel ouvrage, le Nihon seiki 日本政記, une histoire politique du Japon mais la maladie l'empêche de continuer son travail qu'il confie à ses disciples.

 

Sa santé se dégrade rapidement et il décède le 16 octobre 1832.

 

Quatre ans plus tard, le Nihon gaishi est enfin publié et connait un rapide succès : 15 éditions se succèderont jusqu'en 1887.

 

Ouvrage historique, il compte 22 volumes et il est écrit en chinois classique, kanbun 漢文. Il raconte l'histoire des buke 武家, les guerriers japonais depuis la rivalité entre les Minamoto 源氏 et les Taira 平家 au XIIe siècle jusqu'aux Tokugawa 徳川氏.

 

Ces écrits étaient connus du vivant de son auteur en particulier dans les milieux en faveur du retour du pouvoir à l'empereur. Il circulait alors sous forme de manuscrit.

 

Dans son ouvrage, l'auteur souligne l'importance de la continuité de la maison impériale, kôshitsu 皇室, à travers l'histoire du Japon. Selon lui, l'histoire n'est qu'une succession de conflits et de changement d'autorité politique et il est inévitable que le pouvoir politique revienne dans les mains de l'empereur. Cette théorie politique couplée à un véritable talent littéraire eut une importante influence dans les mouvements pour la restauration impériale de la deuxième moitié du XIXe siècle au Japon.