Sa Majesté chez les Nippons [Épisode 88]

 

Comme l’avait prévu Konda, ils obtinrent ce qu’ils voulaient, exception faite de l’augmentation des indemnités.

Le préavis était de deux mois, le temps de boucler tous les dossiers et d’envoyer les cartons de déménagement à Tokyo.

Murakami et Atsumi furent les plus appliquées de toute l’équipe. Elles étaient présentes tous les jours. Konda venait uniquement les trois premiers jours de la semaine. Fujisaki était absente : elle avait trouvé un travail dans le Tohōku et elle y cherchait un appartement. Pareil pour Yamamoto qui était au chômage technique faute de consul général à balader.

 

Et le Kuso, alors ? Que devenait-il ?

 

Une fois le déménagement terminé, il était prévu que le consulat soit déclaré officiellement fermé. Cusseaud allait perdre son titre de consul général. Il redeviendrait simple chef de la mission économique.

Cette disgrâce étant inacceptable, il exigea un autre poste de consul général. La réponse du Quai d’Orsay fut rapide et cinglante : il en était hors de question.

PVC sollicita tout son réseau à nouveau mais ce fut peine perdue : il avait déjà entamé toutes ses cartouches et ses contacts commençaient à montrer des signes d'impatience lorsqu'ils le prenaient au téléphone. Il ne lui restait plus beaucoup d'options possibles.

Pour éviter toute humiliation supplémentaire, il fit sagement valoir ses droits anticipés à la retraite arguant de la soudaine mauvaise santé d'un proche parent dont il devait s'occuper.

 

C’en était fini de cent cinquante ans d’histoire diplomatique entre la France et le Kansai. C’était désormais à Tokyo de gérer les anciens cimetières français de Kobé où reposaient les dépouilles des Français morts en mer ou décédés au Japon, si loin de chez eux.

 

La communauté française du Kansai ne vit aucun changement d’importance dans leur vie de tous les jours : le plus souvent, ils n’avaient pas le temps de se déplacer pour aller au consulat. Tout se faisait alors par téléphone ou par courrier. Désormais, seule changeait l’adresse de destination et le numéro de téléphone.

La plupart ne regrettait qu’une chose : la réception du Quatorze juillet. Ils gardaient tous en mémoire l’extraordinaire Marseillaise massacrée avec tant d’allégresse par la chanteuse japonaise et l’accompagnement ridicule à la harpe. Ils se souvenaient tous de la tête qu’avait faite le consul ce jour. Au fait, comment s’appelait-il déjà ? Ha mais oui : il avait un nom qui voulait dire m… en japonais ! 

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Tous droits réservés © Lou Berthiault pour Aventure Japon